La cuve de pression d’un réacteur est la partie la plus importante d’une centrale nucléaire et ne doit pas faillir. Pour cette raison l’exploitant Axpo a dû prouver en détail que les indications de défauts découvertes en été 2015 dans le matériau de base de la cuve de pression du réacteur de Beznau 1 n’influencent pas négativement la sécurité.
Ce justificatif, Axpo a été à même de le fournir maintenant, comme a pu en juger l’IFSN après l’avoir vérifier. Le groupe d’experts internationaux entré en fonction en 2015 à la demande de l’IFSN arrive à la même conclusion : « Nous pouvons ainsi affirmer avec conviction que la cuve de pression du réacteur de Beznau est sûre », résume Hans Wanner, le directeur de l’IFSN. « Du point de vue de la sécurité technique, rien ne s’oppose à ce que Beznau 1 soit à nouveau raccordée au réseau ».
Etendue des indications étudiées en profondeur
L’IFSN avait exigé en 2015 qu’Axpo analyse, caractérise et évalue les mesures par ultrasons signalant des indications de défauts dans l’acier de la cuve de pression du réacteur. C’est la raison pour laquelle, dans un premier temps, Axpo a précisé ses premières mesures avec une méthode plus affinée. En tout, 119 indications ont été mesurées dans la tubulure de cuve B, et 3519 dans la virole de cœur supérieure C. Aucune indication n’a été observée dans la virole de cœur inférieure D.
Par la suite, Axpo s’est concentré sur une poursuite de l’examen de la virole de cœur supérieur C. Elle a enregistré le plus d’indications, se trouve le plus près du cœur du réacteur, et ainsi comprend le plus important taux de fragilisation du métal par irradiation parmi toutes les parties composant la cuve de pression du réacteur. Cette virole fait partie de celles qui sont le plus sollicitées en cas de défaillance du liquide de refroidissement.
Les examens par ultrasons ont montré que les indications s’amassaient presque exclusivement dans le quart inférieur de cette virole de coeur supérieur C, et qu’ils formaient en partie des amas.
Indications identifiées comme étant des inclusions d’oxyde d‘aluminium
« Puisqu’il n’est pas possible de prendre des grands échantillons de la cuve de pression du réacteur pour voir ce qui a causé ces mesures par ultrasons, Axpo a dès lors décidé de faire réaliser une copie de cette virole C », explique Georg Schwarz, directeur remplaçant de l’IFSN et responsable du domaine Centrales nucléaires. Cette réplique a été produite selon les mêmes procédés de fabrication employés dans les années 60 lors de la production de la cuve de pression du réacteur de Beznau 1.
Les examens par ultrasons de la réplique ont montré une image comparable avec celle obtenue lors de l’examen de la virole originale C de la cuve de pression du réacteur. Des examens métallurgiques du matériau composant la copie ont permis de confirmer que les mesures faites par ultrasons sont bel et bien causées par des inclusions d’oxyde d’aluminium.
Les inclusions d’oxyde d’aluminium n’ont pas d’influence négative sur les propriétés du matériau
Le centre de la justification de sécurité est constitué par la preuve selon laquelle les inclusions d’oxyde d’aluminium n’ont pas d’influence négative sur les propriétés du matériau, et ainsi non plus sur la sécurité. Pour le prouver, Axpo a testé 130 échantillons sous la surveillance d’experts techniques indépendants. Lors de ce test de matériel, aucune différence n’a été constatée entre les échantillons contenant des inclusions d’oxyde d’aluminium, et ceux qui n’en contenaient pas.
Pour la plupart des domaines, dans lesquels des indications de défauts ont été observées dans la virole C de la cuve de pression du réacteur, il a pu être prouvé à l’aide de matériel de la réplique et avec des images par ultrasons comparables (distribution d’amplitude et densité des mesures) que la température de référence de transition ductile-fragile de la résilience n’est pas influencée. Seulement pour certains domaines avec des amplitudes plus élevées, un nombre insuffisant d’échantillons a pu être analysé. Ces domaines d’indications ont été remplacés par des fissures, et leur admissibilité a été évaluée selon la mécanique de rupture.
L’oxyde d’aluminium n’a pas d’influence négative sur la rupture par fragilisation
Ensuite, Axpo a mené des examens microscopiques approfondis sur les propriétés chimiques locales de l’acier. Il s’agissait ici de pouvoir écarter la possibilité que des enrichissements possibles avec différentes éléments qui sont connus pour influencer la fragilisation de l’acier ne se soient produits.
Aucun de ces enrichissements n’a été trouvé, ni dans l’entourage immédiat des inclusions d’oxyde d’aluminium, ni dans le matériau entre les inclusions. Ainsi, il a pu être établi que l’oxyde d’aluminium n’a pas d’influence négative sur la fragilisation de l’acier.
La virole C remplit comme par le passé les conditions de l’Ordonnance du DETEC sur la méthode et sur les standards de la vérification des critères de la mise hors service provisoire d’une centrale nucléaire. La température de référence de transition ductile-fragile de la résilience se trouve en dessous de la valeur limite. Pour la détermination de la température de référence de transition ductile-fragile de la résilience, la méthode dite «master curve » a été employée. « Elle correspond à l’état actuel de la science et de la technique et est acceptée mondialement », explique Georg Schwarz.
Plus d’informations
- Interview avec Tim Williams de l`IRP
- Article de fond sur l`oxyde d`aluminium
- Chronologie
- Fabrication de la cuve de préssion du réacteur
- Rapport de l`IRP (en anglais)
- Rapport de l`IFSN (en anglais)
- Méthodes classiques et méthodes de mécanique de rupture pour déterminer la fragilité de la cuve du réacteur