« Même si ce comportement n’a pas mis en danger la sécurité de la centrale, ni celle de la population », déclare Georg Schwarz, directeur adjoint et chef de la division Centrales nucléaires de l’IFSN, « une telle falsification est absolument inacceptable ». Une fois que l’événement a été notifié en bonne et due forme par l’exploitant, l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire IFSN a mené dans les plus brefs délais une inspection à la centrale nucléaire de Leibstadt pour être en mesure d’établir rapidement les faits.
La sécurité était sans arrêt assurée
Selon les informations actuellement disponibles, un employé de la centrale n’a pas effectué tous les six mois, comme il aurait dû le faire, les tests sur trois appareils mobiles de mesure de débit de dose pour s’assurer de leur bon fonctionnement. Au lieu de cela, l’employé a inscrit des données inventées dans les protocoles d’inspection.
Les appareils mobiles de mesure de débit de dose dont il est question servent en particulier à mesurer l’éventuel rayonnement émanant des conteneurs pour les assemblages combustibles radioactifs avant leur transport vers le dépôt intermédiaire ZWILAG à Würenlingen (AG). Une fois arrivés au ZWILAG, l’activité des conteneurs est à nouveau mesurée. Comme dans ce cas aucun écart significatif de valeur entre les deux mesures réalisées à Leibstadt et à Würenlingen n’a été constaté, cela confirme que la sécurité de la population était toujours garantie. Le personnel employé pour le transport a fait l’objet d’une surveillance radiologique. Aucune exposition inattendue ou non permise n’a été détectée.
Demande d’élucidation complète du cas de tromperie
L’IFSN exige une élucidation complète du cas. Il sera nécessaire de comprendre si l’employé accusé a falsifié d’autres protocoles d’inspection et si cela a entraîné des résultats de mesure incorrects. La centrale nucléaire de Leibstadt doit soumettre à l’IFSN au plus tard début février 2019 un rapport détaillé sur l’incident. L’IFSN examinera ensuite le rapport, le commentera, et en informera le public. Dans un deuxième temps, les examens seront étendues à d’autres protocoles d’inspection, sous la supervision d’un organisme de contrôle indépendant.
Le management d’Axpo est appelé à venir s’expliquer
L’IFSN a décidé de prendre encore d’autres mesures. « Malheureusement, ce cas n’est pas isolé. Il s’inscrit dans toute une série d’incidents à la centrale de Leibstadt, dus à des erreurs humaines », poursuit Georg Schwarz. « Des mesures doivent être maintenant prises pour améliorer durablement la culture de sécurité dans cette centrale. »
En tant que son actionnaire majoritaire, Axpo est l’exploitant de la centrale. La direction de l’IFSN a aussi décidé d’appeler à elle la direction d’Axpo, ainsi que celle de la centrale. La direction de l’IFSN indiquera à cette occasion clairement que l’accumulation d’incidents dans le domaine humain et organisationnel ne sera pas tolérée et que les responsables doivent dès lors veiller rapidement à ce que les mesures nécessaires soient prises.
Intensification des inspections
En raison de ces incidents, l’IFSN va rapidement, et de façon notable, augmenter ses activités d’inspection à la centrale nucléaire de Leibstadt, et ainsi être encore davantage présente sur place. Les collaborateurs de l’IFSN procèdent déjà chaque année à une centaine d’inspections planifiées ou non, et d’inspections d’installations dans cette centrale. Ce nombre est appelé à nettement augmenter sur l’année en cours.
En outre, l’IFSN examine actuellement s’il y a lieu d’ordonner un examen international de la sécurité d’exploitation, soit une mission OSART. L’Equipe d’examen de la sûreté de l’exploitation (Operational Safety Review Team, OSART) est composée d’experts provenant d’installations nucléaires étrangères, d’autorités de surveillance, ainsi que d’institutions technico-scientifiques. Ces experts sont chargés d’examiner, au nom de l’Agence internationale de l’énergie atomique AIEA, la sécurité de l’exploitation des centrales nucléaires. La dernière mission OSART en Suisse a eu lieu à Mühleberg en 2012.
En fonction de l’évolution des enquêtes, l’IFSN n’exclut pas de prendre d’autres mesures.