Photo : Bâtiment détruit de la tranche 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl (source: chnpp.gov.ua)
L’ancien chef de la Division principale de la sécurité des installations nucléaires, Roland Naeglin, exprimait ses craintes concernant la défaillance dans une interview donnée en juin 1986 à la Badener Tagblatt, deux mois après l’accident : « Je soupçonne que ce qui s’est produit là-bas est le pire que l’on peut se représenter pour une centrale nucléaire. » Une combinaison d’erreurs de conception et d’un manque de culture de sécurité était l’origine de Tchernobyl.
L’accident allait se produire lors d’un test lié à l’alimentation électrique de l’installation. Il s’agissait d’une défaillance au niveau de la maîtrise de la réaction en chaîne provoquant une augmentation de puissance. Cette augmentation de puissance allait prendre la forme d’une explosion.
Au moment du démarrage du test planifié, le réacteur se trouvait dans un état potentiellement très dangereux. Les opérateurs entendaient une première explosion à 01h23:44. Un de ceux-ci observait que les barres servant à maîtriser la réaction en chaîne n’étaient pas introduites. Il essayait en vain de les introduire à nouveau. Deux à trois secondes plus tard, une deuxième explosion se produisait. Le réacteur et le bâtiment étaient détruits. Le cœur était découvert.
L’explosion détruisait de grandes parties du bâtiment de réacteur de la tranche 4, de la salle des turbines ainsi que des constructions intermédiaires. Les parois de la halle du réacteur étaient en partie détruites, le toit complètement. La plaque horizontale supérieure de la cuve du réacteur, d’une masse de 3 000 t environ, était soulevée et se trouve toujours en équilibre à un angle de 15° par rapport à la verticale.
Maîtrise de l’incendie
L’incendie de graphite dans la caverne du réacteur ne pouvait pas être éteint ou étouffé par les pompiers. Pendant les jours suivants, les forces d’intervention essayaient ainsi de réduire le relâchement de substances radioactives et l’apport d’air vers le réacteur. C’est pourquoi, dans les premiers jours après l’accident, environ 5000 tonnes de matériaux (bore, dolomite, plomb, sable et argile) étaient jetés depuis des hélicoptères. Début mai 1986, une injection d’azote liquide dans le cœur du réacteur était entreprise via les conduites existantes. Ces mesures permettaient d’arrêter l’incendie par étouffement et avaient pour effet une réduction du rejet de radioactivité.
Jusqu’en octobre 1986, les forces d’intervention construisaient une enveloppe autour du réacteur détruit. Elle est appelée « sarcophage ». Ce dernier devait empêcher d’autres rejets.
Il s’agit là du premier d’une série de seize articles sur l’histoire de l’accident de Tchernobyl.