Environ 140 représentants du public ont discuté des mesures post-Fukushima mardi 4 septembre 2012 à Brugg. L’organisation de la sécurité des centrales dans le cadre de la sortie ordonnée du nucléaire constituait un autre sujet. Dans son discours d’ouverture, la conseillère fédérale Doris Leuthard a invité à dépasser la polarisation. Elle a souligné sa confiance en l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN).
« L’IFSN n’est pas un acteur de la politique énergétique. L’IFSN est un acteur de la sécurité – pas plus, pas moins », expliquait la ministre de l’énergie devant les parlementaires, représentants de communes, exploitants de centrales nucléaires, membres d’organisations environnementales et collaborateurs de l’IFSN présents dans la salle. « Une seconde opinion fondée est de notre point de vue importante et utile », continuait Doris Leuthard.
C’est pour cette raison que le législateur a créé la Commission pour la sécurité nucléaire (CSN). « Malgré cette seconde opinion, la responsabilité pour la surveillance des installations nucléaires suisses réside uniquement et intégralement auprès de l’IFSN. » La création d’une autre autorité de surveillance ne serait, de son point de vue, en aucun cas utile à la sécurité nucléaire.
« L’IFSN doit exposer et appliquer ses mesures sans compter », remarquait la cheffe du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). Elle a souligné avec insistance que la décision sur la durée d’exploitation des centrales est de nature politique.
Le directeur de l’IFSN, Hans Wanner, expliquait dans son exposé que, du point de vue actuel de la surveillance nucléaire, rien ne permet de mettre en doute la contribution planifiée des centrales nucléaires à la stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral. « Fukushima a confirmé le niveau de sécurité élevé des centrales suisses », rappelle-t-il. « Du point de vue technique, des durées de fonctionnement de 50 ans ou plus sont possibles. » Il n’y a cependant aucune garantie.
Une désaffectation anticipée est concevable à tout moment. Des prescriptions actuellement en vigueur règlent la mise hors service de centrales nucléaires. Elles seraient aussi valables pour le reste de la durée d’exploitation des installations.
« La Suisse est en tête au niveau européen »
Lors de la discussion consécutive, les mesures post-Fukushima constituaient au préalable le point central. Bojan Tomic a opéré comme chef de l’équipe de revues croisées pour le rapport national de la Suisse relatif au test de résistance de l’Union européenne. Il en a expliqué les conclusions et retenait : « La Suisse est en tête au niveau européen ». Le principe des rééquipements continus est appliqué de façon conséquente en Suisse. Si la Suisse fait preuve d’un standard de sécurité élevé en comparaison internationale, c’est surtout en raison de ce principe. Le test de résistance a également mis en valeur un potentiel pour des améliorations.
Le représentant de Greenpeace, Kaspar Schuler, a émis des critiques de fond relatives au forum de l’IFSN. Les organisations environnementales avaient déjà exigé avant la manifestation une audition d’experts. Gery Meier, président de la commune de Däniken, relevait la bonne entente avec l’exploitant de la centrale nucléaire de Gösgen. « Nous connaissons les gens qui travaillent à la centrale. Ils ont la conscience de la sécurité nécessaire. » Lors de ses discussions régulières avec la direction de la centrale nucléaire, il entend de façon répétée la plainte suivante : l’IFSN émet trop de requêtes. « J’en tire la confiance que le système fonctionne. »
L’inclinaison à investir est décisive
Durant la deuxième partie du forum, les discussions ont tourné autour de l’organisation de la sécurité dans le cadre de la sortie ordonnée du nucléaire. La loi sur l’énergie nucléaire ne connaît aujourd’hui pas de durée d’exploitation fixe. Les centrales nucléaires peuvent être exploitées aussi longtemps qu’elles sont sûres. Sur la scène politique, une limitation de la durée de fonctionnement est actuellement discutée. Dans son discours, le directeur de l’IFSN Hans Wanner proposait l’établissement par les exploitants d’un concept global pour le reste de l’exploitation. Celui-ci contiendrait les informations relatives aux investissements nécessaires en vue de l’amélioration continuelle et progressive de la sécurité. « Pour la durée de fonctionnement d’une centrale, l’inclinaison de l’exploitant à investir est décisive. »
Les exploitants se sont prononcés de manière retenue sur la proposition du directeur de l’IFSN. Le président de swissnuclear, Stephan Döhler, n’a souhaité énoncer aucune date précise. Kurt Rohrbach, président de la direction du groupe des Forces motrices bernoises, a de son côté indiqué que 2022 était la date visée pour la centrale nucléaire de Mühleberg. Le chef de l’unité « Production thermique et nucléaire » d’Alpiq, Michaël Plaschy, a relevé qu’en atteignant 30 ans d’exploitation, la centrale nucléaire de Gösgen a plus ou moins atteint la moitié de sa durée de fonctionnement. Stephan Döhler commentait : « Nous investissons dans nos centrales nucléaires afin qu’elles puissent rester sûres au-delà de leur durée d’exploitation initialement prévue ».
Les centrales nucléaires ne doivent pas tomber en déliquescence
La limitation de la durée de fonctionnement est principalement une décision de nature politique, soulignait le directeur de l’IFSN. Quelle que soit cette décision, les centrales nucléaires ne doivent pas tomber en déliquescence au terme de leur exploitation. Une centrale doit être désaffectée alors que des marges de sécurité sont encore présentes.
Dans son résumé, le directeur de l’IFSN a tiré un bilan positif du forum de l’IFSN : « Il est important que le dialogue soit mené ». Cette manifestation a aussi montré qu’il y a d’autres acteurs à prendre en compte que les organisations environnementales. De son avis, des aspects techniques pourraient très bien être discutés dans le cadre de comités spécifiques.